Voilà dejà un certain temps que je vous avais promis une présentation correcte de la dernière pensionnaire du garage.
L’histoire (très résumée) des BMW ‘02’Tout d’abord un rappel historique s’impose. A l’issu de la seconde guerre mondial la remise en route de BMW est délicate. Arrive un moment où la gamme se résume à la petite 700 et les BMW V8 dont la conception remonte à l’avant guerre.
En 1962 apparaît la Neue Klasse (littéralement la nouvelle classe) une berline au design moderne (signé Michelotti) et aux performances de bon niveau pour l’époque. Rapidement l’auto sera décliné en deux multiples motorisation allant jusqu’au deux litres. La Neue Klasse aura un important succès qui permettra à BMW de survivre d’une part et d’autre part de poser les bases de l’image de marque BMW : des autos modernes, performantes et fonctionnelles.
Pour fêter ses 50ans en 1966, BMW présente une déclinaison deux portes de sa Neue Klasse : la 1600 dite « jubilée ». Il s’agit d’un coach (deux portes, quatre vitre, par opposition au coupé qui n’a que deux vitres), motorisé par un 1,6L simple carbu de 85cv. D’un point de vue design l’auto se démarque de la berline par ses deux feux ronds à l’avant et à l’arrière. Le style de la face avant ne cessera d’être le fil conducteur BMW pendant une trentaine d’année.
En 1967 apparaît la 2002 dotée d’un deux litre simple carbu de 100cv. Le ‘02’ de la fin signifie que l’auto ne possède que 2 portes, rétroactivement la 1600 Jubilé prendra l’appellation 1602.
Au fil du temps la gamme ‘02’ s’étoffera avec notamment un cabriolet (avec ou sans arceau suivant les années), et la version « touring » , sorte de break de chasse (arrière avec un hayon en lieu et place du coffre traditionnel).
En résumé on trouve
1502- 1,6L sipmple carbu de 75cv (version « petit prix » pour certain marché)
1602- 1,6L simple carbu 85cv
1600ti- 1,6L double carbu 105cv
2002- 2L simple carbu 100cv
2002ti- 2L double carbu 120cv
2002tii- 2L injection 130cv
2002 turbo- 2L turbo injection 170cv
Les versions ti et tii se feront un beau palmarès en compétition, dominant notamment le groupe1 en rallye pendant de nombreuses années. La 2002 turbo apparaît en 1973, première auto de grande série avec un turbo en Europe, c’est un vrai choc sur le marché d’alors.
A noter qu’en 1974 apparaît un important restylage qui verra la série ‘02’ perdre ses petits feux ronds arrières pour de plus moderne mais disgracieux feux carrés (sauf sur les touring).
L’histoire de ma 2002Allons y pour un petit historique de la belle. Cette Lady a mis les roues sur les route Française pour la première fois le 21 Juillet 1970. Elle a été achetée neuve par un Monsieur Le Meur au garage « Kérourédan » de Brest.Après vérification le dit garage n’existe plus.
D’après ce que m’a raconté la personne à qui je l’ai acheté il semblerait que le premier propriétaire soit décédé mais que l’auto ait été conservée par la famille de celui pendant une quinzaine d’années au garage à côté de la chaudière. Cela explique notament pourquoi l’auto n’a que 104 000km d’origine et sa relative bonne conservation (et oui elle est dans son jus, avec sa peinture d’origine et tutti quanti).
Ensuite il semblerait qu’elle ait été redémarrée par BMW Brest fin 1997/ début 98 avec 84500Km au compteur (avec des factures faramineuses, à titre d’exemple 5222Francs pour les étriers avant !). A partir de cette date j’ai un listing complet de toutes les factures et interventions réalisées sur l’auto. Mi 2000 elle est achetée par un couple de jeunes gens, qui semblent l’avoir choyée. Son propriétaire d’alors (le deuxième donc) a d’ailleurs longuement présentée l’auto sur « forum-auto ». Cette personne la vend en 2004 au troisième propriétaire, elle a alors 97000 kilomètres. Cette dernière personne s’est offert cette auto pour le plaisir de posséder une ancienne mais n’avait pas beaucoup de connaissance en mécanique, et un changement d’activité professionnelle l’a conduit à vendre la 2002 faute de temps à lui consacrer. Il passe une annonce unique sur le portail d’Horizon 2002. Je le contact le jour même pour prendre rdv.
Au premier regard l’auto me plait, elle est comme j’espérais la voir. Dans son jus, même pas lavée, une fine couche de poussière témoignant du temps passé dans le garage ces derniers temps. L’essai sur route confirme cette première bonne impression. Les vitesses passent bien (mais alors quel jeu dans la commande de boite !), le moteur prend ses tours convenablement et ne fume pas à la décélération, l’embrayage est doux tout comme la direction dotée de son inévitable flou au zéro. Le maintient de caisse est correcte pour une auto de 1970 (sans conteste les amortisseurs sont un meilleur état qu’un modèle essayé précédemment). Rapide discussion autour de la belle après l’essai, et l’affaire est conclue.
Deux semaines plus tard, sous un beau soleil d’été, me voilà de retour dans les environs de Tours. La belle m’attend, contrôle technique effectuée et brillamment manqué pour une bête histoire de déséquilibre de frein à main. On réglera ça ce WE ! les dernières formalités effectuées nous prenons la route, moi, ma nouvelle monture et un très bon ami dans la voiture balais (chargée à bloc d’outils, huile, cables , liquide de refroidissement….comme je lui ai dit « c’est pour conjurer le sort , c’est justement parce que l’on emmène tout cela que l’on en aura pas besoin ! »)
Le retour va se faire par le sympathique réseau secondaire français, vitre grande ouverte, coude à la portière, j’écoute inquiet au départ, chacun des petits bruits de MA 2002. Les kilomètres défiles, la confiance mutuelle s’installe, je redécouvre avec délice les rétrogradages avec le vrai talon pointe (et pas le pointe-pointe auquel nous condamnent les pédaliers actuels….et encore quand cela est possible). Premières séries de virage serrées, les réactions sont étonnement saines, certes elle prend du roulis, mais tout cela est si communicatif…je suis sous le charme indéniablement. Je suis aussi agréablement surpris par le niveau de performance, les accélérations sont franches et la sensation de vitesse en courbe est bien présente. On est à des années lumière de ce dont je suis habitué avec la Cosworth en termes d’efficacité, mais il émane de la 2002 une sensation d’homogénéité qui donne à la conduite tout son charme. Il n’y a pas de filtre, juste l’auto, la route et moi…quelques 200km plus tard, quasiment arrivé à la maison, je me sens bien, l’esprit submergé de sensations nouvelles ou retrouvées. La succion du carbu à l’accélération, l’odeur d’huile chaude (encore elle !), le doux ron-ron du ralentit moteur, le niveau sonore, la luminosité de l’habitable…me voilà revenu aux rallyes touristiques de mon enfance, sauf que cette fois ci c’est moi qui tient le cerceau. Tiens parlons en de ce grand volant, dont le diamètre contraste tant avec la finesse de la jante, la bakélite noire glisse entre les doigts…une paire de mitaine adaptée semble un investissement incontournable.
Bon bien sur tout n’est pas idyllique. D’abord la peinture, si elle rend bien en photos, présente nombre de stigmates de ses 38ans d’existence. Ensuite la rouille a déjà commencé son œuvre. On va tenter de la juguler là où c’est possible mais il ne faudra pas se faire trop d’illusion, à moins de mettre l’auto nue, difficile de gagner le combat. Mais pour une 2002 non restaurée elle reste étonnamment bien conservée. Moteur et boite me donnent entière satisfaction mais le premier réclame un petit réglage des jeux de culbus, et je n’échappe pas au panache de fumée bleue lors des rétrogradages un peu musclé.
Sur le plan du comportement routier je n’ai pu m’empêcher de la chatouiller un peu dans le serré (que voulez vous on ne se refait pas). Sur le sec, on commence par provoquer une légère dérive, puis la roue arrière extérieure se cale et l’auto lève alors la roue intérieure arrière faisant perdre tout espoir de maintenir la dérive au gaz. Ce n’est pas la vocation première de l’auto et cela ne me gênera pas la plupart du temps, mais il est sur que l’autobloquant et un jeu d’amortisseurs plus tarés s’avèrent indispensable pour une conduite très sportive ou circuit. On verra ce qu’il en est sur le mouillé, j’imagine que ce sera une autre histoire. Dernier détail fâcheux, le premier propriétaire a trouvé élégant de repeindre le liseré chromé du tableau de bord et des compteur en doré !! Il faudra absolument que je remédie à cela.
Quelques photos dans les jours qui ont suivi l’arrivée de l’auto à la maison
Quoi de neuf depuis (le "drame"!) Après un révision d’usage (huile moteur, boite , pont, bougies, filtres….) j’ai monté un set d’amortisseurs Koni sport que j’ai soigneusement peint en noir pour ne pas que l’on puisse les distinguer des origines. Le comportement s’en est trouvé grandement amélioré avec des perfos franchement étonnante pour une voiture de cet âge là. Vincent qui as fait un tour dedans pourra témoigner.
Ensuite j’ai eu un premier souci de relais de charge (pas grave). Et puis quelques jours après je me suis aperçu à mon grand désarroi que j’avais de la limaille dans l’huile moteur. Cela commence à dater un peu et depuis j’ai bien avancé sur le sujet. En fait un enf…ré de mécano (d’un précédent propriétaire) a perdu la rondelle et le boulon d’un excentrique de culbuteur. Il avait récupéré la rondelle mais pas le boulon qui trainait au fond du carter d’huile. Celle-ci a remué un peu les boues (forcément au bout de 38ans) et des cochonneries sont passées dans la pompe à huile qui a commencée à se bouffer (je vous posterais des photos de tout cela plus tard). Fort heureusement je me suis aperçu du problème relativement tôt et il n’y a pas eu trop de dégâts. Actuellement c’est en cours de remontage et j’espère avoir fini d’ici 15jours à un mois max.